Myriam en région, épisode 5: Harcèlement
Mise en garde: ce récit est une pure fiction. Par conséquent, toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Un certain mercredi matin du mois d'avril 2014: Myriam ne sait plus où donner de la tête. Elle a l'impression que toute l'entreprise s'est entendue pour lui rendre la vie infernale. Sur son bureau, elle a une tonne de dossiers à gérer et les délais qu'on lui a donnés sont complètement déraisonnables. Ninon, la personne chargée de répartir les dossiers, l'appelle pour faire un suivi concernant des analyses de cas qu'elle lui a remis la semaine précédente, puis lui rajoute cinq autres dossiers d'une extrême complexité et lui dit avec un sourire aux lèvres: « Ne t’inquiète surtout pas. Ça a l'air épeurant comme ça mais ce n'est pas si compliqué. Laurent va te rencontrer pour t'expliquer quelques détails avant que tu te plonges dedans ». Laurent est l'un des actionnaires de la compagnie. Ce monsieur d'une soixantaine d'années et doté d'une expérience hors pair, est par ailleurs reconnu au sein de l'équipe pour son sale caractère et Myriam appréhende un peu cette rencontre.
Aux alentours de 10h00, Cassandre frappe vigoureusement à la porte du bureau de Myriam et entre sans attendre de réponse: « Hier après-midi, tu devais rencontrer Nadia pour lui remettre tes notes dans le dossier de Valleyfield. Tu étais en retard! ». « Oui c'est vrai, répond Myriam. Claudine a demandé le transfert du dossier au bureau de La Pocatière il y a plus de deux semaines mais nous ne l'avons reçu que hier matin et... » Cassandre lui coupe la parole: « Lorsque tu n'es pas en mesure de respecter tes échéanciers, la moindre des choses c'est de prévenir l'actionnaire en charge du dossier! ». Puis elle se lève et part en claquant la porte. Myriam est dubitative. Il est vrai que Nadia semblait mécontente mais elle lui avait pourtant expliqué la raison de ce retard. Était-ce bien nécessaire d'envoyer Cassandre la réprimander comme une écolière prise en faute? Myriam respire profondément, s'efforce de reprendre son calme et se remet au travail.
18h00. Habituellement, Myriam finit sa journée de stage à 16h30 mais elle a décidé de rester un peu plus tard pour avancer dans ses dossiers. Ça fait deux heures qu'elle planche sur une étude de cas mais elle n'arrive pas à se concentrer.
18h05: Cassandre frappe à la porte du bureau de Myriam et entre. Elle a le visage calme et détendu. « Est-ce que je peux te parler quelques minutes? » « Oui bien sûr, lui répond Myriam. Je t'en prie assieds‑toi ». Cassandre s’assoit en face de Myriam, la regarde droit dans les yeux et lui lance tout de go : «Certaines personnes de la compagnie ont fait des commentaires sur toi. Ils disent que lorsque tu passes dans le bureau, il y a une odeur » Myriam est bouche bée : « Pardon?!? » Cassandre reprend: « les gens disent qu'il y a une odeur sur ton passage ». Myriam bouillonne de colère. Elle a envie de hurler mais elle se contient: « Est-ce que tu es en train d'insinuer que je sens mauvais? ». Cassandre marque un temps d'arrêt et lui répond d’une voix doucereuse : « Tu ne sens pas? Je ne sais pas si c’est parce que nous avons l’odorat plus sensible… ». Elle conclut sur un air faussement désolé : « Je trouvais que c’était important que je t’en parle. Si j’avais été à ta place, j’aurais apprécié qu’on me le dise ». Puis elle se lève et sort de la pièce.
À suivre